Insurrection de 1865, article du journal 'L'Illustration'

Voici un article paru dans l'Illustration le 1er Juillet 1965:


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Algérie - insurrection dans les Babors


Nous avons quelque confiance que la collection de l'Illustration pourra servir utilement, un jour, pour l'histoire militaire de l'Algérie. Nous devons cet avantage aux informations fidèles et nombreuses qui nous sont toujours transmises de notre colonie par des correspondants zélés et bien renseignés. C'est ainsi que la dernière expédition dans les Babors nous a procuré un grand nombre de  communications que nous avons publiées dans le vif des évènements. Nous regrettions toutefois que les circonstances nous eussent empêchés de produire à leur ordre de date les trois dessins que nous publions dans ce numéro, afin de compléter la série de documents se rapportant à la dernière expédition de Kabylie, maintenant terminée. Nous réparons ainsi une omission qui n'est pas sans quelque importance au point de vue de l'exactitude minutieuse que nous recherchons.

Les deux premiers dessins rappellent la part que le 67e de ligne a prise dans la répression des troubles de la Kabylie. Embarqué à Oran pour Bougie, au moment même où il fallait rentrer en France, ce régiment, qui comptait 1500 hommes en deux bataillons, se porta dans les premiers jours d'Avril à trois marches en avant de Bougie, ralliant sur sa route 900 hommes du 4e et 700 hommes du 20e; ce qui portait à 2700 hommes d'infanterie la colonne entière. Après cette marche de trois jours, qui dut s'exécuter par un et par deux et par des chemins extrêmement difficiles, qui permettaient à peine de faire 10 kilomètres en quatre heures, la colonne vint camper au col d'Aouana, d'où on aperçoit à l'ouest les Babors encore couverts de neige, et à l'est la mer.

 

Bivouac d'El Aouana, près de Djigelly, occupé par la colonne expéditionnaire commandée par M. Fermier de la Provotais, colonel du 67e.
Bivouac d'El Aouana, près de Djigelly, occupé par la colonne expéditionnaire commandée par M. Fermier de la Provotais, colonel du 67e.

L'assiette du camp est très accidentée, la plupart des tentes sont masquées par des plis de terrain; les gourbis affectent toutes sortes de formes. La vue est prise de l'Est à l'Ouest. La droite du tableau est constituées du 67e, occupant aussi la face ouest qui reste inaperçue. La tente conique du milieu, entourée d'un léger feuillage, est celle du colonel du 67e,  M. Fermier de la Provotais, commandant du camp.

Nous donnons séparément un dessin du rocher qui figure à gauche du premier dessin, et qui, vu du côté opposé, affecte des formes bizarres.

Notre troisième dessin est relatif à la prise du col de Men-Char.

enlèvement des crêtes et du col de Men-Char, dans les Babors, par les compagnies du 3e zouaves de la colonne Augereau (25 Mai)
enlèvement des crêtes et du col de Men-Char, dans les Babors, par les compagnies du 3e zouaves de la colonne Augereau (25 Mai)

La colonne du colonel Augereau, commandant la subdivision de Sétif, vient de terminer ses opérations dans les Babors par sa jonstion avec le général Périgot.

Grâce à l'habileté et l'énergie du commandant de cette colonne, l'insurrection du pays qu'elle a parcouru est complètement apaisée; et les résultats de cette campagne de trois mois sont des plus satisfaisants.

Ce n'est pas sans quelques engagements sérieux que la pacification de cette partir de la Kabylie a pu être obtenue; nous citerons entre tous celui du 25 Mai, qui a directement couronné les opérations de campagne.

La colonne Augereau quittait, à cette date, le camp de l'Oued Berd pour se rendre à celui de Sidi-Talout.

Les débris de contingents insurgés, écrasés aux combats de Mardj-Soual et d'Aïd-Embarek, avaient voulu tenter un dernier effort.

Il occupaient les crêtes rocheuses qui encaissent le col de Men-char, par lequel la colonne et son convoi devaient défiler, et avaient descellé des quartiers de rocs pour les rouler de cette position qu'ils supposaient imprenable.

Au moment où la colonne arrivait au pied de cette position formidable, le colonel Augereau, laissant une compagnie du 3e zouaves déployée en tirailleurs, pour protéger la marche des troupes et du convoi, lança les trois autres pour enlever les crêtes de Men-Char.

Cette position fut abordée par les zouaves avec l'entrain traditionnel dans leur corps et enlevée sans coup férir.

Les Arabes, repoussés des crêtes, perdirent encore dans leur fuite beaucoup de monde, grâce à la longue portée de nos carabines, et nos goums enlevés par Ben-Zidan, caïd de Guergourt, qui fur blessé dans cette circonstance et au plus fort de l'action, complétèrent leur déroute.

Les fuyards lancés ensuite par le 1er de Zouaves de la brigade d'Alger dans les ravins des Babors, sous le canon du général Périgot, durent se rendre à merci.

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Références

L'Illustration - journal universel

édition du 1er Juillet 1865

23e année, vol XLVI n° 1166