Combats de 1851 : détails fournis par le journal de Toulouse

Vous trouverez ci-dessous un récit supplémentaire des combats qui se sont déroulés en Mai 2009 dans le cadre de la campagne du Général de Saint Arnaud.

Cet article du Journal de Toulouse reprend les points vus ici mais il ne masque pas totalement la violence des combats - en général les pertes au combat et les exactions commises sont peu détaillées. Ici, en filigrane, on arrive à percevoir la violence des combats, les villages brûlés, et la lutte pour gagner chaque mètre de terrain.

(dans ce texte que le nom de Djidjelli est orthographié de plusieurs manières, je n'ai rien modifié à cela)

 

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Alger, 23 Mai 1851


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Dans la journée du 14 Mai, la division continua de descendre par des chemins difficiles, vers l'embouchure de l'Oued El Kebir, en combattant comme la veille. Les Kabyles ayant essayé contre deux compagnies de la légion étrangère, la manoeuvre qui leur avait si bien réussi contre les grenadiers du 10e, furent reçus par M. le chef de bataillon Mayer, de manière à n'y plus revenir. Trois officiers (dont deux de la légion étrangère) furent blessés, trois hommes tués et 44 blessés pendant cette marche.

On était sorti du pays difficile, et l'ennemi n'opposa, le 15 au matin, qu'une fusillade à distance aux bataillons qui, sous la direction de M. le Colonel Marulaz, du 20e de ligne, allèrent, avant de quitter le bivouac, incendier ses beaux villages sur les deux rives de l'Oued el Kebir.

Le temps était devenu mauvais, la division prit le 16 au matin, sous des torrents de pluie qui ne cessèrent de tomber que le 17, son bivouac près de Djidjelly.

Ces cinq journées, comme on l'a vu, nous avaient coûté 8 officiers et 82 hommes tués. 23 officers et 305 hommes blessés. Toutes ces blessures heureusement ne sont pas graves, 18 officers et 273 hommes seulement sont hors de combat et ont du entrer à l'hôpital.

M. le gouverneur-général, par intérim, était arrivé à Djidjelly, dès le 14 Mars dans la nuit. Il reconnut la nécessité de laisser deux jours de repos au moins aux troupes fatiguées par le mauvais temps, plus encore que par cinq jours de combats incessants; d'après ses instructions, M. le Général Saint Arnaud ne dut de nouveau s'éloigner de Djidjelli, que le 19 au matin, pour attaquer la grande tribu des Beni Amran. M. le gouverneur continua, le 17 au soir, sa route pour Philippeville, le Titan évacuait sur l'hôpital de cette ville 9 officers et 244 hommes des moins blessés ou malades.

A son retour en rade de Gigelly, le 22 au matin, après avoir visité en détail Philippeville et Bône, où tout est demeuré parfaitement calme, M. le gouverneur-général eut la satisfaction de recevoir du commandant de l'expédition, des rapports qui lui annonçaient des résultats plus décisifs et moins chèrement achetés.

Le 19, dans la matinée, après avoir installé son cap à Dar el Guidjali, au milieu de la tribu des Beni Amran, M le général de Saint Arnaud est sorti avec 10 bataillons sans sacs, toute sa cavalerie et l'artillerie, pour assaillir les masses de kabyles qui se montraient sur les hauteurs à une demi-lieue et à gauche de son camp.

Toutes les positions ont été enlevées avec un élan irrésistible et l'ennemi poursuivi pendant plus de deux heures avec de grandes pertes - la cavalerie tournant sur un terrain avantageux. Les kabyles renversés des hauteurs par l'infanterie, a tué un bon nombre de fuyards; plus de 50 villages, entourés de vergers et de jardins, ont été ravagés par nos troupes.

2 hommes morts et 31 blessés dont 5 seulement d'une manière grave, ont été le prix de ce combat qui a coûté aux Beni amran, Beni Khretab, Beni Foughral, principales tribus du cercle de Gigelly, 120 morts au moins et un très grand nombre de blessés.

Un succès plus important encore devait récompenser, le lendemain, la bravoure et la persévérance de nos soldats.

Les kabyles couronnaient, en face et à 4 kilomètres du camp français, une crête boisée, longue de deux kilomètres, leur gauche s'appuyait à un ravin excessivement profond et escarpé; à leur froite la ligne des crêtes s'abaissait par mamelons étagés jusqu'à un col de facile accès, par lequel la cavalerie pouvait tourner toute la position et arriver par derrière jusqu'au ravin de la gauche.

Ces malheureux, encore peu habitués à nous combattre, ne soupçonnaient pas le danger d'une telle situation devant nos troupes. Au signal d'un coup de canon, la cavalerie, masquée par un pli de terrain et par les bois, s'élance au galop, sabre tout ce qu'elle rencontre, gagne le col qui vient d'être décrit, et arrive sur le bors du ravin derrière la gauche de l'ennemi, pendant que l'infanterie l'aborde de face avec impétuosité.

Les Kabyles, rejetés de leur droite à  leur gauche, tournés par la cavalerie, s'entassent dans le ravin, sur le bord duquel les tirailleurs indigènes, formant l'extrême droite de la ligne française, les ont devancés malgré la difficulté du terrain. Fusillés à bout portant, poursuivis par nos intrépides fantassins à travers les rochers et les broussailles, trois ou quatre cents Kabyles sont restés sur le terrain, sans autre perte de notre côté que trois hommes tués et six blessés.

Le résulat de ces brillants combats ne s'est point fait attendre. dès le lendemain, M le général de Saint Arnaud avait reçu la soumission de la grande tribu des Beni Amran, celle des Beni Khretab, etc.

Le général doit être aujourd'hui chez les Beni Foughral, tribu considérable qui garde les passages du djebel Babor, entre Gigelly et Sétif.


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L'Algérie, dans son ensemble, jouit d'une paix profonde, la campagne qui s'exécute dans un cercle circonscrit autoure de Dgigelli, de Collo et de Bougie, aura pour résultat de resserer notablement l'espace où se meuvent les agitateurs dont la voix se fait encore écouter de populations fanatiques et vient périodiquement, chaque printemps, imprimer une secousse à l'édifice de la domination française en Algérie.

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Vous trouverez l'intégralité du texte, en page 2 de cette édition du Journal de Toulouse  - avec le détail d'autres combats qui se sont déroulés du côté des Beni Mimoun.

Références

Le journal de Toulouse

Edition du 30 et 31 Mai 1851