Commission de garde-forestier délivrée par l'Empire Français

Je vous présente aujourd'hui un document ancien qui m'a été envoyé par un des lecteurs de ce blog (j'adresse au passage tous mes remerciements à MB pour cet envoi): il s'agit de la nomination d'un garde forestier rattaché au cantonnement de Beni Foughal, en 1860.

Ce document est très intéressant à plus d'un titre :


- il est tout d'abord assez ancien, et émis 7 ans après la soumission des Babors. L'en-tête 'Empire Français', 'Ministère de l'Algérie et des colonies' nous place immédiatement dans le contexte.


- le système de gestion des forêts donne l'impression d'être déjà rodé, tant au point de vue administratif qu'au point de vue opérationnel, et un découpage géographique fin est en place: c'est ainsi qu'on peut lire les termes 'inspection des forêts', 'service des forêts de la province', 'inspection des forêts de Philippeville'; 'cantonnement de Beni-Fourhal'.


- le métier de garde-forestier était un métier traditionnel dans certaines familles de la tribu : ce document montre que suite à la colonisation, il devint nécessaire d'être dûment nommé puis de prêter serment devant un tribunal.

 

Voici le recto du document en question :

 

 

 

Et voici ci-dessous la transcription du texte de ce document:

 

Zones 1 et 2 du texte:
Empire Français
Ministère de l'Algérie et des colonies
Algérie / Province et Département de Constantine
Inspection des forêts de Philippeville
Service des Forêts
Commission de garde-forestier Indigène de 3e clase

Le préfet du département de Constantine,
En vertu de la délégation de principe qui nous a été faite par son Excellence M. le Ministre de l'Algérie et des colonies,
Sur la présentation du Chef du Service des Forêts de la province,
Arrête:
Le Sieur  XXX ben XXXX est nommé
Garde-forestier indigène de 3e clase, au xxxxx (illisible)
annuel de cinq cents francs pour être attaché au
cantonnement des Béni-Fourhal.
Il devra prêter serment en cette qualité devant le Tribunal et faire transcrire la mention en marge de la présente commission.
Les autorités civiles et militaires sont invitées à le reconnaître et à lui prêter au besoin aide et assistance dans l'exercice de ses fonctions.

 

Zone 3 du texte:
Constantine, le 14 Mai 1860
Pour le préfet et par délégation,
Le conseiller xxx (illisible) de secrétaire général
(signature)
Enregistré à l'inspection des forêts sous
le n° wwww d'ordre
L'inspecteur, chef du service forestier, xxx (illisible) de Conservateur
(signature)

 

Zone 4 du texte:
L'an mil huit cent soixante et le onze juin et devant le commissaire civil de Djidjely et en audience publique le Sieur xxxx ben xxxx nommé garde-forestier indigène a prêté le serment voulu par la loi
Djidjely  le onze juin 1860
Le greffier,
(signature : Jean Castellet)

 

 

Passons maintenant au verso du document, rédigé en français et en arabe: il liste les devoirs du garde-forestier qui vient d'être nommé:

 

(la qualité du l'image du verso est inférieure à celle de l'image du recto car je n'ai pas procédé pour ce côté à un nettoyage des traces de photocopies successives/ pliages / tâches - cela m'a pris un peu plus de 5 heures pour nettoyer le recto... et il m'a semblé que le verso est suffisamment lisible sans nettoyage)


Texte du verso:

La présente Commission impose au préposé indigène les devoirs suivants:
1. Il sera tenu de veiller jour et nuit à la conservation des bois confiés à sa garde.
2. Il devra faire sa déclaration de tous les délits et toutes les contraventions qu'il aura reconnus et désignera les délinquants par leurs noms, surnoms, qualités et demeure.
3. Il constatera, jour après jour, les arbres abattus, brisés ou déracinés, par quelle cause que ce soit, dans l'étendue de sa surveillance
4. Il se conformera pour toutes ses déclarations et en général pour tout ce qui concerne le service, aux instructions qui lui seront données par ses chefs et se comportera honnêtement et fidèlement dans l'exercice de ses fonctions.