De Bougie à Djidjelli, par les gorges de Taza, la forêt de guerrouch et Texenna

Ceci est un itinéraire d'excursion qui était conseillé aux touristes souhaitant découvrir la région, vers 1914.  Voici la description qui en est faite, dans un petit guide édité par le syndicat d'initiative de Bougie:

 

"

Après avoir dépassé Mansouriah et la Grotte merveileuse, au 66e kilomètre en venant de Bougie, on rencontre, sur sa droite, un bon chemin muletier qui, en moins d'un quart d'heure, mène à l'entrée des gorges de Taza, dans lesquelles on pénètre entre deux falaises à pic après avoir plusieurs fois traversé l'oued.

 

 

 

 

 

 

Entrée des gorges de Taza, vers 1914

D'une hauteur moyenne de 200 mètres, longues de 350 mètres, elles forment un étroit défilé dont les infractuosités tapissées de lierre et de vigne sauvage servent de refuge à des légions de ramiers, dont les cris, répercutés par les échos, mêlent leur note assourdissante au murmure des eaux de l'oued.


Des bandes de singes descendent parfois en gambadant pour se désaltérer dans l'eau de la rivière qui, torrentueuse en hiver et au printemps, coule, en été, en un mince filet.

...

Au sortir des gorges (ndlr: de Taza), l'horizon s'élargit et par un bon chemin muletier on parvient, en deux heures, à la maison forestière de Guerrouch à 738 m d'altitude.

Le site est réellement merveilleux. Par la vallée de l'oued Bou-Chair, on aperçoit au Nord les fermes du centre d'Agadie et, au delà, les eaux bleues de la mer.

...

A la maison forestière de Guerrouch, deux chambres d'hôte sont mises, si on en fait préalablement la demande à l'inspection forestière de Djidjelli, à la disposition des voyageurs qui trouveront, auprès du personnel particulièrement hospitalier de cette maison, toutes les commodités pour se restaurer très confortablement  et passer une excellent nuit de repos à un tarif des plus modérés.

 

 

 

Fontaine de Guerrouch,

vers 1914

En quittant Guerrouch, on gravit, par un chemin délicieusement ombragé, les pentes de la montagne de Goubia et de la forêt d'El-Maberd (forêt de l'eau glacée).
Pendant quatre heures, on ne quitte pas la forêt dont les peuplements serrés de chêne-zéen se succèdent, dans un superbe défilé rendu plus impressionnant à chaque détour, par la découverte, soit d'un arbre gigantesque, soit d'une cascade qui dévale en un sillon argenté, à travers les blocs et les troncs moussus, soit enfin d'une brusque échappée sur la mer, dont la ligne bleue se confond à l'horizon avec l'azur du ciel.

Après un court arrêt à la fontaine de Goubia, aujourd'hui veuve des arbres magnifiques qui l'entouraient qui furent récemment arrachés par un cyclone qui a fait dans ce coin, jadis si riant, comme un tache désertique dans la fraîcheur du bois, on arrive, en une demi-heure de mulet ou de bon pas, à la fontaine d'El Maberd, la plus froide de ces montagnes où, sous l'épais ombrage des chênes séculaires et des majestueux noyers on s'arrêtera pour savourer le déjeuner froid apporté dans les bardas des mulets.

 

 

 

Fontaine El-Maberd,

vers 1914

Deux heures de route suffisent ensuite pour gagner Texenna, station estivale des Djidjelliens.
...

De Texenna à  Djidjelli la route descend continuellement sur un parcours de 24 kilomètres, qui permet de voir se dérouler, sous les yeux du voyageur, l'attrayant panorama formé par les villages et les fermes qui entourent Djidjelli, depuis Duquesne, Strasbourg, Taher et Chefka, jusqu'à l'embouchure de l'oued El Kebir.

Puis c'est l'arrivée à Djidjelli, la coquette ville aux larges rues claires et ombragées.

Cette excursion peut se faire très facilement en un jour et demi en partant de Bougie en automobile à 1 heure de l'après-midi pour être à l'entrée des gorges de Taza à 3 heures, à Guerrouch à 5 heures, si on ne s'arrête pas en chemin et à 6 heures, si l'on s'est arrêté, soit pour admirer le paysage, soit pour prendre quelques clichés que l'on reverra plus tard avec plaisir. On repartira de Guerrouch le lendemain matin à 6 heures, pour être à El-Maberd à 11 heures, à Texenna à 5 heures et le soir à Djidjelli.

...

Si on ne dispose que d'une journée, on peut faire la partie la plus intéressante de l'excursion de la façon suivante:

On part de Bougie en automobile le matin de bonne heures (5 heures) de façon à être à l'entrée des Gorges de Taza à 7 heures, on monte aussitôt à mulet pour arriver à Guerrouch à 9 heures. On laisse à la maison forestière les mulets et les provisions qu'on aura eu soin d'apporter, pour prendre un déjeuner froid près de la source. De 9 heures à midi on a largement le temps d'aller à pied à  travers la plus belle partie de la forêt jusqu'au col de Goubia, point culminant de l'excursion, à 1350 mètres et de revenir pour le déjeuner à midi. On déjeune d'excellent appétit en prenant tout son temps, et vers les deux heures  on remonte à mulet, soit pour revenir par le même chemin, aux gorges de Taza, soit pour aller par une autre partie de la forêt jusqu'à Cavallo reprendre l'auto qui ramènera à Bougie, pour l'heure du dîner, le voyageur ravi d'une excursion faite sans fatigue et vraiment délicieuse.

Sortie des gorges de Taza, vers 1914

Une carte de la région était jointe dans le petit guide touristique décrivant cette randonnée, vous la trouverez ici.

Références:
Syndicat d'Initiative de Bougie
Bougie et la Petite Kabylie
1914