Eléments historiques sur les Mokrani de Jijel, fournis par Abd. Mokrani

Les Mokrani ne se retrouvent plus et ils ne se connaissent plus. Il fut une période où un lien fort et profond existait, particulièrement à Djidjelli et ses environs.

 


A Djidejlli il est très complexe de trouver des éléments permettant d'établir l'arbre généalogique de notre famille, alors que je sais que chaque membre de cette famille est en possession de documents qui pourront nous renseigner sur l'histoire des MOKRANI, MOKRANE, AMOKRANE, BEN AMOKRANE, OULED AMOKRANE.


Il existe une grande confusions dans l'esprit de nos cousins, qui font un amalgame entre l'histoire et les biens matériels de cette famille. Déjà ils ont perdu la transmission orale de nos grands-parents, et aujourd'hui ils sont en train de détruire ce qui peut rester de cette famille à cause d'un petit morceau de terrain.

 


Revenons aux choses plus intéressantes:


L'ORIGINE ET L'HISTOIRE DE LA FAMILLE MOKRANI DE DJIDJELLI:


Nous avons pour Aïeul : LE SULTAN SIDI NACER MORT EN 1630


Il a laissé 4 garçons:

    - le 1er garçon SIDI BETKA de MEDJANA mort en 1693
    - le 2 ème garçon SIDI BOUTAMZINE, ZAOUIA TAMZANIA à CACHEROU,  mort en 1685

    - le 3éme garçon SIDI M'HAMED AMOKRANE l'aïeul de la branche djidjellienne

    - le 4éme garçon SIDI MOHAMED AMOKRANE resta avec sa mère chez les BENI MESSAOUD à AMADEN et s'installa par la suite à BOUGIE,  son tombeau se trouve sur le mont Gouraya.


Mes recherches m'ont permis de retrouver les liens de parenté avec presque la totalité des memebres de cette famille  et de retrouver ces origines depuis CHAM à nos jours.

 

Voici ici un aperçu de l'origine des Mokrani de Djidjelli, Babord, Tababort, Ferdjioua, Beni Siar.

 

Sidi M'Hamed Amokrane est arrivé à Djidjelli en 1631.

Au moment de l'expédition du Duc de Beaufort en juin 1664, notre aïeul fit réunir  toutes les tribus locales, les réconcilia en vue de la lutte pour le djihad et par la même occasion, il fit appel à toute sa famille du Sahel ainsi qu'aux Ben Cheikh Ali de Collo. Il s'installa à Djebel Aiouf avec ces compatriotes pour attaquer une troupe de corvée de 600 hommes commandée par Gadaigne et Vivonne. Lors de ce combat eut lieu le décès du Marquis de la Chatre et du Capitaine de Régiment de Navarre Sainte Marte, ainsi que le Lieutenant de Picardie Girardier, qui fut blessé à mort.


L'expédition dura de juin à Novembre 1664. Avec la participation des turcs, ils obligèrent les français à remettre les voiles, à quitter Djidjelli en abandonnant près d'un millier de leurs soldats qui firent ensuite souche à Djidjelli.


Depuis, Sidi M'Hamed Amokrane  était considéré comme le grand sauveteur et le grand protecteur de la ville.

Selon la légende, il était venu de Bougie sur un tapis volant! Il s'installa à la porte de l'ancienne ville dans sa famille, chez Fadel Amokrane (progéniture du Sultan Fadel Amokrane tué par les turcs en 1553). Il est le fondateur de la Zaouïa dont ils devenu le marabout.


Selon encore la légende, il planta sa canne sur le djebel el Korn pour désigner son lieu de prédilection pour le cimetière musulman. Depuis, ce haut lieu est devenu transmissible de fils en petit fils portant le prénom de Mohamed.

ensuite les turcs se servirent de l'honorabilité, de l'influence religieuse et la haute considération que les Djidjelliens avaient pour cette famille, et ce jusqu'en 1812.

 

Certains historiens prétendent que Mohamed Ben El Harche, marocain d'origine, a anéanti les Ouled Amokrane en 1804, alors que ce sont les Amokrane de la Medjana qui l'ont tué.

En 1809 sur demande du pacha Ali Ben Khelil, Amokrane Mohamed Ben Hadj el Mekki chargea deux de ses émissaires, Yahia Belaouane et Taïb Boudjada d'interpeller Bou Dali. Ils l'ont tu" et ramené sa tête ainsi que son cheval. (ndlr: cf article 4 de la saga de la karasta)
Amokrane Mohamed envoya la tête à Alger au Pacha et reçut des éloges accompagnés de cadeaux pour lui et ses émissaires.


La famille Mokrani, par solidarité à leurs cousins de la Medjana massacrés par Dey Tchaker en 1812, se désolidarisèrent des turcs.

 

La France coloniale n'avait pas oublié sa défaite de 1664 et particulièrement ce Marabout  MARABOUT SIDI M'HAMED AMOKRANE et sa famille qui avaient mis en déroute leurs projets d'ocuppation de Djidjelli. La France s'est vengée au point de les faire disparaître de Djidjelli.


Les Mokrani n'ont pu revenir à Djidjelli qu'en 1868 grâce à Yemna Bent Sinakli qui fit donation de son héritage (maison du marché - ex rue Paul) à ses neveux Mehdi, Tahar, Abderrahmane, et Mohamed, enfants de Moufok Amokrane de Ferdjouia.


La France coloniale ne sachant quoi faire pour se débarasser de cette famille, profita d'un litige financier (dette de 1250 francs) entre Mehdi et un certai  Zikara en 1909, pour prononcer la saisie de l'ensemble de ses biens.


Pour sauvegarder cet héritage et ne pas permettre à la justice coloniale d'installer un étranger sur un bien familial afin de disloquer la famille et les renvoyer dans leurs djebels, les trois frères rachetèrent la part de Mehdi en en indemnisant Zikara.