'Du mythe de l'isolat kabyle'

Je vous propose ici un lien vers un article très intéressant écrit par Nedjma AbdelFettah Lalmi, qui décrédibilise le mythe de tribus kabyles considérées comme des groupements humains isolés en haut de leurs montagnes.

Cet article propose une vision pragmatique et étayée de la construction de la légende d'une kabyle autonome et fermée sur elle-même. Il explique en particulier comment on a fini par associer 'montagnes' et 'isolement', ce qui a mené à considérer cette zone comme un refuge où des populations jamais conquises vivaient en vase clos.

L'auteur propose ensuite une approche beaucoup plus réaliste (et étayée): des zones montagneuses en interaction permanente avec les villes environnantes, fournissant des bras et des ressources aux zones urbaines (le bois de karasta par exemple), mais recevant beaucoup aussi; et dont les seigneuries locales avaient toujours 'fait le lien' avec le 'régime dominant' dans les villes (Cité, ou état central avec les turcs puis la colonisation française). Plusieurs exemples concernant la kabylie orientale sont proposés, et on voit que les mouvements de population, les échanges de savoir étaient constants.

De cette approche on pourra déduire assez naturellement que chaque tribu peut potentiellement avoir eu une histoire qui lui est propre en fonction des interactions auxquelles elle participait, et que son horizon ne se réduisait pas à un cercle restreint de tribus voisines. Je pense que cela est particulièrement vrai dans le cas des Beni Foughal, dont les interactions avec l'extérieur étaient forcément grandes pour cause d'exploitation du bois.